Le 26 septembre dernier, s’est déroulée à Poitiers une journée sur la Communication Non Violente afin d’appréhender comment prévenir et gérer l’agressivité des patients grâce à la Communication Non Violente.

Celle-ci était organisée par l’Union Dentaire de Nouvelle-Aquitaine grâce à un partenariat entre La Coop CNV  et le Syndicat Union Dentaire, et animée par Isabelle Goudé-Lavarde, formatrice  certifiée de la Coop CNV.

Dans l’interview ci-dessous, le Dr Pascal Gloaguen, secrétaire régional de l’Union Dentaire de Nouvelle Aquitaine et chirurgien-dentiste, répond aux questions de son syndicat.

 

Quel est le fil conducteur de la Communication Non Violente et quel intérêt représente-t-elle pour nous ?

La CNV est intéressante pour pouvoir écouter nos patients sans s’effacer, ni se négliger et s’affirmer sans les écraser. L’intention reste la qualité de la relation. Le plus important étant de pouvoir s’entendre sur les besoins mutuels pour pouvoir ensuite avoir à des solutions respectueuses de chacun.

Mais comment peut-on arriver à ce « miracle » ? Comment dans un conflit, pourrions-nous le résoudre sans démontrer à l’autre que nous avons raison ?

Effectivement nous pouvons nous poser ces questions !

Lors de notre journée de formation, le stand-up interactif qui nous a été proposé, nous a véritablement immergé progressivement dans l’Univers de la CNV.

D’abord, nous avons pu observer qu’instinctivement, en situation de conflit, nos réflexes automatiques se mettaient en route. Tantôt avec agressivité, nous cherchons à convaincre à tout prix que nous avons raison, comme un loup qui rencontrerait un loup, tantôt, nous fuyons comme des lapins pour sauver notre peau, tantôt nous sommes sidérés, inhibés un peu comme des biches prises dans des phares de voiture la nuit et qui finissent sur le capot. On aurait même pu se croire dans une fable de La Fontaine, bien que ce soit aussi là, notre vraie vie !

Ensuite, nous avons observé, que lorsque ça se passe bien dans une relation, nous articulions spontanément les 4 mouvements du dialogue. Je m’écoute/ Je t’écoute/ Je m’exprime/ Je remercie.

La CNV nous permet dans les tempêtes relationnelles de retrouver des repères pour dialoguer avec nous-même et les autres de manière vivante et pacifique sans être ni volcanique, ni éteint.

Ainsi, lorsqu’il y a de l’intensité émotionnelle, la CNV nous invite à passer d’une communication réactive, action/réaction en mode binaire, à une communication consciente qui prend en compte ce qui se passe, à plusieurs niveaux :

  • Au plan mental, avec effectivement ce que nous nous nous racontons sur la situation, avec tous nos jugements et exigences sur la personne
  • Au plan factuel, ce que nous voyons ou entendons objectivement, ce qui se passe vraiment
  • Au plan émotionnel et corporel, ce nous ressentons

C’est ainsi, que nous voyons mieux ce que nous pouvons faire pour vivre dans le monde auquel nous aspirons.

Enfin, avec des dialogues improvisés avec la CNV, nous avons expérimenté, en live, que lorsque nous arrivions à entendre chez nous et chez l’autre, les émotions inconfortables comme des indicateurs de besoins insatisfaits, une fois ceux-ci reconnus, un temps de respiration peut se créer.

Donc, plus qu’une simple façon de parler, la Communication Non Violente est un art de vivre avec soi-même et les autres qui permet de vivre des relations harmonieuses et constructives plutôt que conflictuelles.

« La violence nait de la croyance que l’autre est la cause de notre souffrance » Quand les deux le pensent, le mélange devient explosif !

Pour finir, nous pouvons nous dire : « Ce n’est pas moi qui suis agressif. Moi, je suis pacifique. Donc, ce n’est pas à moi de faire une formation sur la CNV, c’est à l’autre de la faire ! ».
Que pensez-vous de cette affirmation ?

Au-delà du déni de responsabilité que cela m’évoque, nous avons appris au cours de cette journée que dans nos habitudes de communication, se cachent de nombreux obstacles à une communication fluide que nous ne connaissions pas.

Vous pensez peut-être, c’est bien joli, je suis formé OK, mais l’autre ? Ça ne peut pas marcher si l’autre ne connait pas la CNV !

Erreur, sachez aussi que le dialogue CNV, tel une véritable danse des besoins à 3 temps, avec une expression authentique, une écoute empathique et des demandes ouvertes au dialogue qui acceptent d’entendre le « non » est comparable au principe de l’hypnose d’Erickson.

Ce principe, Erickson aimait le considérer comme un simple accompagnement de son patient pour lui donner les clefs de ses ressources. Nous pouvons ainsi de la même manière guider (sans la moindre intention de manipulation) notre patient sur le chemin d’une relation harmonieuses et ce, d’autant plus facilement, que les besoins sont universels, et qu’ils sont révélés par les émotions !

J’espère avoir su attirer votre attention sur ce mode de communication, qui peut nous être très utile, ainsi qu’à nos équipes, mais aussi dans nos relations privées.