La mise en place de Structure d’Accompagnement à la Sortie (SAS) propose aux personnes sous-main de justice un accompagnement multidisciplinaire soutenu et des conditions de détention favorisant l’autonomie et le lien vers l’extérieur, afin de limiter les risques de récidive.

Structure de transition entre la vie carcérale et la vie civile, une SAS doit, tout en garantissant un niveau de sûreté, mettre l’accent sur la responsabilisation et l’autonomie du détenu afin de l’accompagner sur la voie d’une libération prochaine et de faciliter la construction de son projet de sortie ainsi que la reprise de ses liens familiaux et sociaux

Comme pour d’autres, l’ouverture de la SAS de Noisy le Grand demande donc de constituer une équipe de professionnels particulièrement formés, notamment en termes de pratiques relationnelle, en leur donnant des outils qui leur permettent d’être de véritables acteurs de la sécurité dynamique

Le processus de Communication NonViolente, qui considère la relation à l’autre comme prépondérante, va ainsi les aider à :

  • soutenir la coopération et la cohésion d’équipe,
  • avoir un positionnement professionnel adapté,
  • savoir prévenir et désamorcer des situations de tension,
  • oser affirmer leur parole quel que soit le contexte,
  • accompagner les personnes détenues à devenir moteur de leur changement

En lien avec madame Mejbour, directrice de la SAS de Noisy le Grand, et le service formation du Pôle Ile de France Nord-Est, La Coop CNV, au travers de Guillemette Porta et Samuel Turakiewicz, a ainsi mis en place un plan de formation de 4 jours pour 4 groupes différents afin de former le plus de personnes possibles affectées à cette nouvelle structure, à « développer une posture relationnelle à la fois ferme et bienveillante, que ce soit en équipe ou avec les personnes détenues ».

Au travers de deux modules de deux jours, cette formation a été axée sur la découverte du processus de Communication NonViolente (CNV) qui offre un cadre simple et puissant permettant de soutenir chaque membre du personnel et plus particulièrement encore les personnels de surveillance, dans des relations constructives et bienveillantes, pour :

  • Être davantage conscient du mode de fonctionnement de tout être humain, en accueillant ses émotions et celles de ses interlocuteurs et en étant à l’écoute des besoins essentiels qui les déclenchent.
  • Sortir de certaines habitudes de fonctionnement qui peuvent générer ou accentuer des tensions, en identifiant ce qui facilite la relation.
  • Optimiser ses capacités de communication avec ses interlocuteurs en conjuguant clarté, respect, et coopération pour une prise de parole efficiente.
  • Savoir prévenir et gérer les situations de désaccord, de conflit ou de violence, en posant un cadre ferme tout en étant à l’écoute des besoins essentiels de chaque partie.
  • Être un acteur de l’accompagnement au changement, en développant des compétences d’écoute empathique qui permettent à son interlocuteur de mobiliser ses propres ressources.
  • Faciliter le travail d’équipe, en favorisant le dialogue et la coopération au sein et entre les équipes, afin d’accroitre la confiance et le soutien mutuel.
  • Savoir reconnaitre et dire ce qui va bien, afin de favoriser la reconnaissance mutuelle et prévenir l’épuisement professionnel

Dès le début certain ont exprimé leur inquiétude à devoir changer de posture, à passer « de la répression à l’accompagnement ».

Tous avaient des attentes « Améliorer mon approche relationnelle avec les détenus », « Être plus à l’écoute », « Savoir gérer ma colère », « Être plus serein et confiant lors de mes prises de décisions », « Voir un outil pour améliorer mon rapport avec les autres », « Améliorer ma communication et ma posture », « Mieux me connaître » …

A la fin des quatre jours, beaucoup ont ressortir de la formation « enrichis », « apaisés », « sereins », « satisfaits », « tranquilles » …  Outre le partage entre collègues de moments qui ont permis de se connaître et de se connaître différemment, d’approfondir la cohésion ou encore de se dévoiler plus en profondeur, les participants ressortent de la formation « en ayant envie de s’écouter différemment et de se parler autrement », « en souhaitant communiquer différemment avec les détenus, mieux les écouter, mieux les comprendre », « en ayant envie de changer certaines façons de fonctionner qui peuvent amener des tensions », « en ayant envie de se remettre vraiment au travail après tout ce temps de garde des murs », « en voulant  essayer de comprendre l’autre plutôt que de le juger tout de suite », « en étant heureux d’avoir appris à mieux se connaître soi-même », « en voulant proposer des temps de partage  réguliers entre collègues pour resserrer les liens », « en espérant pouvoir faire des RETEX d’ici la fin de l’année après un temps de mise en pratique »…

Nous nous réjouissons d’avoir pu contribuer, à notre mesure, à « outiller » un peu plus les membres du personnel à pouvoir vivre des relations plus apaisées que ce soit entre collègues ou avec les personnes détenues.

Guillemette Porta